Depuis octobre 2024, le collectif Lignes à Défendre se mobilise contre la fermeture de lignes de chemin de fer. En Bourgogne Franche-Comté, la mobilisation s’est faite de façon originale et inédite, avec une course à pied de 376 km en relais entre Corbigny dans la Nièvre et Paris, du 1er au 3 mai 2025.
Le samedi 3 mai au matin, les coureurs et coureuses arrivaient à la gare de Bercy, après avoir parcouru 376 kilomètres ces 48 dernières heures pour rappeler l’importance des petites lignes. Le président du conseil départemental de la Nièvre, Fabien Bazin, et le maire de Clamecy (dans la Nièvre), Nicolas Bourdoune, étaient présents pour les accueillir et les féliciter.
Le secteur des transports représente 34 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, dans les statistiques les plus récentes. Le train est une solution particulièrement efficace pour répondre aux enjeux climatiques, sanitaires et énergétiques. Et ce particulièrement pour la Bourgogne Franche-Comté, qui est la Région la plus exposée à la précarité liée aux transports. Elle subit les conséquences sociales et écologiques d’une politique de transports en commun à deux vitesses. D’un côté la France des métropoles, avec une offre de transports du quotidien satisfaisante et reliées en TGV, de l’autre, la France rurale et péri-urbaine laissée pour compte ou plutôt abandonnée au tout automobile.
Face à ce constat, les lignes ferroviaires de nos territoires doivent être défendues. Or le gouvernement continue de laisser notre réseau se dégrader. La moyenne d’âge des petites lignes est de 35 ans, et notre réseau est deux fois plus âgé que le réseau allemand.
Malgré leur caractère essentiel pour la mobilité quotidienne, les investissements fléchés sur les lignes fines de desserte du territoire demeurent très insuffisants, confirmant un désengagement historique de l’État sur le financement du réseau secondaire au profit de sommes importantes dédiées au réseau routier. Ce constat est d’ailleurs souligné par l’Autorité Environnementale.
Aujourd’hui, dans le cadre des Contrats de Plan État-Régions, la Région Bourgogne Franche-Comté finance plus largement ces petites lignes que l’État. Ce n’est pas acceptable !
La remise en état de la liaison Corbigny-Paris, d’une quarantaine de kilomètres, coûterait 50 millions d’euros, mais la régénération et la modernisation du réseau national suppose un investissement de 15 milliards d’euros. C’est pourquoi nous proposions, avec ma collègue Christine Arrighi, au dernier projet de loi de finances un investissement d’1,5 milliard d’euros supplémentaire dès 2025. L’État doit soutenir le financement du réseau en France, comme c’est le cas dans d’autres pays.
Le 6 mai, le Premier ministre ouvrira une conférence nationale sur le financement des infrastructures. Le message au gouvernement des coureurs, des collectifs, des syndicats et des élus qui les soutiennent est clair en ce qui concerne les petites lignes : « Sans ce train, il ne nous restera que nos pieds ! » A l’État donc de mouiller le maillot !